Développement durable

Sur la voie de la durabilité ?

Suzanne Bussy |

L'éventail existant d’options d’e-mobilité va des bus et des bateaux, aux vélos électroniques voire aux e-boards. La réflexion autour de futurs transports aériens écologiques englobe les avions électriques et les dirigeables hybrides. Alors, reste-t-il une place à table pour la star des déplacements professionnels, à savoir la voiture ?

En termes d’e-mobilité dans un contexte urbain, nous avons déjà des options de transport écologiques comme les bus électriques et les bateaux-taxis. Pour les voyages plus longs, des alternatives plus lentes (dites de « slow travel ») comme les nouveaux trains couchettes émergent sur les voies en dehors des grandes villes européennes. Le plus grand bateau de croisière électrique au monde1 vient de faire son premier voyage sur le fleuve Yangtze.

Bientôt commercialisées, des technologies beaucoup plus innovantes pourraient inclure un avion de transport de passagers entièrement électrique appelé Alice2, le projet d’ hyperloop Virgin3 ou même des véhicules aériens hybrides remplis d’hélium4, autrement connus sous le nom de navires modernes respectueux du climat.

Alors, où tout cela laisse-t-il ce cheval de bataille traditionnel de la mobilité personnelle, la voiture ?

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Concrétiser le rêve électrique

S’il est vrai que le marché classique des voitures de fonction est en déclin, le financement par subventions, les exemptions fiscales et les incitations financières pour l’acquisition de véhicules électriques ont ouvert une toute nouvelle fenêtre d’opportunité. La voiture n’occupera peut-être plus jamais sa place privilégiée de star en tant que telle, mais le fait que ce mode de transport populaire ait commencé à mettre de l’ordre dans ses mesures en faveur du climat la remet aujourd’hui à l’ordre du jour de l’industrie du déplacement professionnel.

Du point de vue du constructeur automobile, les derniers chiffres semblent bons et ne devraient que s’améliorer. Les ventes de véhicules électriques (VE) ont récemment grimpé en flèche, avec de nouvelles immatriculations dans l’Union européenne qui ont bondi de plus de 240 % d’une année sur l’autre5, de 2019 à 2020. Il est probable que le marché s'accélère encore davantage à mesure que la décennie avance et que les objectifs de neutralité carbone se profilent.

240% d'augmentation annuelle des immatriculations électriques en Europe entre 2019 et 2020

Dans les faits, l’avertissement a été placardé par les législateurs et décideurs politiques. Suite à la décision historique du Royaume-Uni de mettre fin à la vente de nouvelles voitures essence et diesel d’ici 20306, l’UE a également proposé une interdiction équivalente qui entrera en vigueur d’ici 20357.

L’aide et les incitations financières alimentent aussi certainement cette croissance, aidant les individus et les entreprises à assumer le coût d’achat d’un nouveau VE. L’Estonie, par exemple, a initialement proposé l’accord le plus généreux d’Europe, acceptant de rembourser jusqu’à la moitié du prix. En Belgique, le forfait « budget mobilité »8 utilise a contrario un modèle de coût total de possession, non seulement pour les véhicules électriques ou hybrides enfichables, mais également pour financer d’autres formes de transport durable, ou, dans certains cas, une allocation partielle en espèces.

Dans des pays tels que l’Allemagne, les grands employeurs en particulier cherchent à fournir des forfaits mobilité aux employés, en profitant d’initiatives telles que le produit Bonvoyo proposé par l’opérateur ferroviaire national Deutsche Bahn9.

Les principaux initiateurs commerciaux sont déjà actifs dans cet espace et l’entreprise SAP a elle-même annoncé qu’à partir de 2025, tous les nouveaux véhicules commandés comme voitures de fonction seront sans émission10.

Rendre un parc de 27 000 voitures plus neutre en carbone permettra à SAP de se rapprocher de ses propres objectifs climatiques ambitieux et de compléter la démarche de la société visant à faire du développement durable un élément central de son portefeuille de solutions, explique Luka Mucic, directeur financier de SAP, membre du Conseil d’administration et sponsor des efforts de développement durable de SAP :

« Le changement climatique est l’un des défis les plus urgents dans le monde, et nous voulons faire partie de la solution. Notre parc automobile est un facteur important ici. Nous voulons également aider nos clients à atteindre leurs objectifs climatiques. C’est pourquoi nous élargissons constamment notre portefeuille de solutions de développement durable. »

Toutefois, si l’on regarde le marché des affaires dans son ensemble, les signes d’engagement des entreprises sur cette question sont beaucoup moins apparents. Les résultats de l’étude SAP Concur montrent que si de nombreuses entreprises souhaitent explorer et adopter des options de mobilité plus durables pour leurs employés, peu ont réellement donné suite à ces bonnes intentions. À peine 1 entreprise sur 3 a mis en place des incitations de base, comme des programmes de remboursement du personnel pour leurs frais de recharge de VE (33 %).

33% remboursent à leurs employés les coûts de recharge des véhicules électriques

Pour surmonter certains obstacles à l’établissement de rapports, une nouvelle fonction Concur Expense qui sera prochainement introduite par SAP aidera les clients à exploiter E-Mobility pour gérer l’infrastructure de recharge nécessaire à l’utilisation de leur véhicule électrique au bureau. L’avantage de cette fonctionnalité est qu’elle offre également une intégration permettant aux employés de soumettre rapidement leurs notes de frais pour la recharge de leur VE à domicile.

Ainsi, alors que le prix de l’essence augmente à un rythme alarmant, les véhicules électriques pourraient-ils s’avérer une option utile dans la combinaison de forfaits e-mobilité conçus pour contribuer à retenir et à attirer les employés, tout en soutenant les objectifs de déplacements professionnels durables ?

Louer des voitures pour réduire les émissions de carbone

Peut-être que le premier point à relever est qu’il existe d’autres scénarios de mobilité en tant que service, qui n’impliquent pas nécessairement la possession ou la location d’un parc de véhicules, même électriques.

La conclusion d’un accord ou d’un contrat avec un service de taxi à zéro émission ou de transport avec chauffeur haut de gamme pourrait cocher de nombreuses cases de durabilité des entreprises. Ainsi, sachant que près de la moitié des personnes interrogées (46 %) se sont concentrées sur la réduction du carbone cette année en tant qu’objectif de développement durable, la location de voitures propres et écologiques offre un gain rapide, facile et mesurable.

½ des interrogés identifient la réduction des émissions de CO²  comme un objectif de durabilité clé

Selon Jonny Goldstone, fondateur de Green Tomato Cars, les entreprises clientes les plus éclairées sur les critères ESG posent déjà les bonnes questions aux fournisseurs de services :

« Au cours des dernières années, il est devenu monnaie courante de fournir des informations approfondies sur notre flotte à faible et zéro émission ; et les détails sur les capacités d’établissement de rapports sur le carbone des opérateurs de transport privé sont invariablement demandés dans le cadre de processus d’appels d’offres pour les grands contrats. Toute entreprise qui ne pose pas ces questions apparaît comme clairement déconnectée de la réalité. »

Le marché connaît une demande croissante de solutions à zéro émission pour les événements et programmes d’accueil en particulier, pour le transport terrestre dans le cadre de conférences comme la COP26, par exemple. Comme pour toute planification de déplacement professionnel, les informations sur le processus de pré-réservation concernant les empreintes carbone, ainsi que les coûts, peuvent aider à optimiser les choix les plus durables au cas par cas.

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Passer la flotte privée du gris, au vert

Il y a aussi ce que l’on appelle l’option « flotte grise », où une organisation peut inciter les employés à utiliser leurs propres véhicules privés pour les déplacements professionnels. L’écologisation de la flotte dite grise pourrait être réalisée en pondérant les dépenses et les avantages en faveur des véhicules électriques et hybrides. Cela pourrait toutefois soulever des inquiétudes quant à la discrimination à l’encontre des utilisateurs d’essence ou de diesel.

Qui plus est, les primes d’indemnités kilométriques approuvées (de l’anglais Approved Mileage Allowance Payments, ou AMAP) se sont historiquement avérées populaires auprès du personnel comme un avantage relatif aux frais plutôt généreux. Cependant, étant donné que les véhicules électriques n’entraînent pas les mêmes coûts de carburant, les tarifs AMAP recommandés au Royaume-Uni varient actuellement de 5 livres par mile (1,6 km) à 45, ce qui représente une différence considérable d’un point de vue financier. À cet égard, des outils tels que le produit Concur Expense, qui fournit des taux de kilométrage réglementaires régulièrement mis à jour dans plusieurs comtés, pour tous les types de véhicules, permettent de faire des calculs des avantages à la fois plus rapides et plus justes.

La mobilité avant tout

L’une des principales préoccupations des premières générations de véhicules électriques était, bien sûr, la crainte liée à l’autonomie, qui les rend problématiques pour les déplacements sur de plus longues distances. Désormais, avec des capacités de trajet allant jusqu'à 485 miles (780 km) entre les charges, la technologie a bien évolué. En outre, les améliorations apportées aux options de charge plus rapides facilitent la recharge de la batterie en cours de route.

Bien que les postes de recharge au bureau soient susceptibles d’être mis à la disposition du personnel, le déploiement de ces infrastructures à l’échelle nationale reste un facteur primordial à prendre en compte pour les entreprises. Le nombre de structures n’est pas seulement faible dans l’ensemble, mais aussi souvent inégal.
 

En mars, par exemple, le gouvernement britannique a annoncé son intention de multiplier par dix le nombre de postes de recharge de VE. Toutefois, ces projets sont mis en contexte par les résultats d’ une campagne 2021 sur la liberté d’information11 dirigée par DevicePilot, une plateforme de surveillance et de gestion des services pour les opérateurs de postes de recharge de VE. La réponse a révélé que plus de la moitié des conseils britanniques (52 %) n’avaient absolument rien dépensé en postes de recharge sur une période de 12 mois.

52% des conseils britanniques n'avaient rien dépensé en postes de recharge sur une période de 12 mois

Ces écarts dans la provision de postes de recharge constituent une sorte de loterie de code postal - des écarts dans les cartes qui représentent une forme de discrimination infrastructurelle, et donnent lieu à des problèmes d’inégalité, déclare Pilgrim Beart, PDG et co-fondateur de DevicePilot :

« Le Royaume-Uni est encore profondément divisé entre nantis et démunis de VE. Il faut une répartition plus uniforme du financement de véhicules électriques dans tout le pays, car de nombreux conseils locaux n’ont pas encore reçu un centime du gouvernement, tandis que d’autres ont droit à une abondance d’investissements en VE. »

Pour ceux qui vivent dans des régions rurales ou plus éloignées, loin des réseaux de transport en commun ou des aéroports, les solutions de télétravail trouvées pendant et maintenues après la pandémie pourraient faire des déplacements directs en voiture vers le site une option intéressante. Une telle flexibilité pourrait toutefois être minée si ces mêmes régions offrent une marge de charge limitée pour les véhicules électriques sur la route.

Un espace de travail sur quatre roues

Le dernier aspect à considérer est la capacité de travailler en étant en déplacement. Un voyageur seul coincé derrière le volant ne peut pas accéder à un ordinateur portable, contrairement à un voyageur assis à une table dans un train à grande vitesse.

À l’avenir, les voitures sans conducteur pourraient bien être l’innovation qui change la donne. Comme les VE, elles fonctionneraient en tant qu’espace de travail zéro émission sur quatre roues, une sorte de bureau mobile. Le fait que ces véhicules soient possédés, en leasing, mutualisés, loués ou hélés, pourrait évidemment faire pencher l’équilibre des avantages plus ou moins en faveur de l’employé, ou de l’organisation.

Pour l’instant, cependant, les véhicules électriques, les véhicules hybrides et les voitures alimentées par des piles à hydrogène jouent clairement un rôle de soutien à exercer dans le cadre d’une stratégie plus large d’e-mobilité, qui pourrait inclure les bus, les bateaux, voire les vélos électriques. Ensemble, ils peuvent contribuer à favoriser le positionnement de la marque autour du développement durable, qui est en fin de compte si vital dans la lutte pour le talent, conclut Jonny Goldstone : 

« La course au recrutement et à la rétention des meilleurs talents des générations Y et Z rend un plan de transport à zéro émission aussi important pour ce qu’il exprime sur la culture d’entreprise, que pour les avantages de réduction des émissions qu’il apporte. Vus sous ce jour, les déplacements responsables se côtoient à la gestion des achats et des installations au sein d’une entreprise, ainsi qu’à des préoccupations éthiques plus larges en général. »

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