Développement durable

Politique voyage : comment intégrer les enjeux RSE ?

Deborah Anceaume |

Comment intégrer la RSE à la politique voyage de l’entreprise ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre Stéphane Vallageas (GBTA et Pitney Bowes), Julien Million-Rousseau (SAP Concur), Dimitri Tsygalnitzky (Kapten Business) et Eric Ritter (VoyagExpert) lors d’une Business Class organisée par SAP Concur début mars.

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BUSINESS CLASS TV

Comment intégrer les enjeux sociétaux aux objectifs de l'entreprise

 

Le volet RSE est de plus en plus inclus dans les appels d'offres, c’est même devenu incontournable, d’autant que les consommateurs eux-mêmes sont de plus en plus sensibles sur ce sujet… Qu’en pensez-vous ?

Stéphane Vallageas, Chapter President GBTA, International Strategic Sourcing Manager General Services chez Pitney Bowes : En effet, c’est un sujet de plus en plus considéré. Cependant, les entreprises n’ont pas pour autant intégré des volets environnementaux et RSE dans leur politique voyage. Selon une étude GBTA et SAP Concur réalisée en octobre 2019, seul un tiers des Travel Managers encouragent les collaborateurs à intégrer un volet environnemental dans leur comportement. Nous sommes conscients que cela va être amené à évoluer. D’ici un à deux ans, ce volet RSE devrait être intégré dans les politiques voyage.

Julien Million-Rousseau, directeur solutions consulting chez SAP Concur : Plus de la moitié des appels d'offres demandent de respecter a minima une éthique. Par ailleurs, nous recevons des demandes de paramétrage dans nos solutions. À l’origine, on nous demandait davantage une approche “best price” axée sur le ROI, avec des approbations de pré-déplacement, des contrôles de prix par ordre décroissant, etc. Désormais, nous devons traiter d’autres sujets comme la responsabilité sociale des entreprises (RSE), le confort du collaborateur, les émissions de CO2, la sécurité du collaborateur, etc. Nous lançons des initiatives responsables et examinons comment les voyages d’affaires peuvent devenir écologiques. Cela implique de proposer des alternatives de transport plus durables et de sensibiliser les collaborateurs à l’importance de réduire leur empreinte carbone.

Dimitri Tsygalnitzky, VP Kapten de Business : Il y a deux ans, nous recevions quelques appels d'offres intégrant un chapitre environnemental, à savoir notamment, la part de véhicules électriques à disposition. Aujourd’hui, on se situe plutôt à 80 % des demandes. Pour souligner notre responsabilité sociétale, nous privilégions l’écoresponsabilité des déplacements professionnels en proposant une part significative de véhicules électriques. Ce sont les utilisateurs eux-mêmes qui sont habitués à ce mode de transport dans leur quotidien et font preuve d’une exigence à ce sujet. On l'observe également du côté des acheteurs qui souhaitent avoir davantage de contrôle sur les émissions carbone et cherchent des moyens de les réduire. Chez Kapten, nos propres employés nous ont poussé vers ces options afin de renforcer notre engagement en faveur d’une réduction d’empreinte carbone dans nos opérations.

Eric Ritter, président de VoyagExpert : Notre premier rôle est de mesurer, contrôler et agir. Pour cela, il nous faut pouvoir accéder à la data et fournir des reportings à nos clients. Le détail du calcul est ensuite affiné par société, par voyageur, par code projet, par mission, etc. Pour la partie RSE - qui englobe aussi les critères de confort et de bien-être des collaborateurs - nous avons été amenés à créer des indicateurs. Il peut s’agir du nombre de nuits hors domicile, des heures de décalage horaire ou encore du nombre d’heures passées dans l’avion. En parallèle, nous observons que des mesures de bon sens s'appliquent : le train reste obligatoire si les voyages sont inférieurs à 3h, le choix de la visioconférence plutôt qu’un aller-retour en journée. Est-ce pour des raisons RSE ou simplement du bon sens par rapport au contrôle des coûts ? Je ne le sais pas. En revanche, ce qui est intéressant, c’est de voir à quel moment la politique RSE et le contrôle des coûts vont se télescoper.

La politique RSE ou voyage est-elle un vrai gage de recrutement ?

Stéphane Vallageas : Dans les critères de recrutement, les gens font de plus en plus attention à l’image que la société renvoie à l’extérieur. Certaines sociétés très connues ont des difficultés à recruter, car elles n’ont pas forcément cette image positive.

Le voyageur joue-t-il le jeu de la politique voyage intégrant des critères RSE ?

Julien Million-Rousseau : Tout dépend du cadre défini par la politique voyage. Encore faut-il aussi que le collaborateur soit guidé grâce à des process et des outils, et notamment une utilisation facile. Il est essentiel d’intégrer des décisions qui favorisent la réduction de l’empreinte carbone dans nos actions. Il faut par exemple pouvoir intégrer des messages du type : “Ne préférez-vous pas opter pour une visio-conférence plutôt que de prendre l’Eurostar sur la journée ?”

Ces actions sont-elles transposables pour les TMC ?

Eric Ritter : Notre métier est d’abord de conseiller, orienter et recueillir le besoin de chaque entreprise qui a une culture différente et à laquelle nous essayons de nous adapter. Nous prenons en compte le bilan carbone, la diversité et l’impact sur le territoire dans le secteur d’activité de chaque entreprise pour développer des outils spécifiques. Cette année, deux entreprises nous ont demandé de reprogrammer leur politique voyage en fonction de leur production de CO2. Ça fonctionne très bien dans SAP Concur, dans lequel nous pouvons créer un système d’approbation où le critère de choix n’est non pas le meilleur tarif disponible, mais la consommation de CO2.

Observez-vous une évolution de la prise en compte de cette problématique dans la mobilité du dernier kilomètre ?

Dimitri Tsygalnitzky : D’une certaine façon oui, car le chapitre RSE est inclus dans les appels d'offres. Mais il n’y a pas encore suffisamment de focus sur ces éléments. Nous observons que les taxis et VTC correspondent seulement à 5% de leurs dépenses, mais à 36% de leurs notes de frais. Quand un acheteur doit réduire son budget voyage, ce n’est pas le premier sujet qu’il va traiter. En revanche, d’un point de vue collaborateur, c’est extrêmement important. Les décisions en faveur de la mobilité durable peuvent avoir des impacts spécifiques sur la réduction de l’empreinte carbone. Par ailleurs, la responsabilité de ce poste repose sur les achats, mais n’est pas considérée comme du voyage, car les trajets se font majoritairement pour aller voir des clients, rentrer tard du bureau le soir, pas forcément pour aller prendre un avion.

Est-ce que cette politique RSE est compatible avec les programmes de fidélité ?

Dimitri Tsygalnitzky : Nous avons un programme de fidélité depuis 2012, que nous avons refondu cette année. Lors de nos discussions avec les acheteurs, on se rend compte que comme les utilisateurs sont incités à utiliser au maximum nos services pour en bénéficier dans leur vie personnelle, ils pourraient être incités à en abuser. Malgré tout, étant donné que l’application renferme un certain nombre de contrôles, c’est très difficile de justifier de l’utilisation d’un VTC quand ce n’est pas utile.

Le sujet de la RSE dépend-il aussi de l’âge de l’acheteur ?

Stéphane Vallageas : Cela ne dépend pas de son âge, mais plutôt de sa société. Si la démarche de fond est d’aller vers plus de vert, ça ne change rien par rapport au profil de l’acheteur.

Eric Ritter : Ce n’est pas tant lié à une classe d’âge, mais plutôt à l’appétence de l’entreprise pour l’innovation. Accepter des voitures électriques, c’est aussi accepter un surcoût. Les jeunes générations voyagent volontiers et ce sont d’ailleurs elles qui favorisent le plus le bleisure, en rajoutant quelques jours de plus sur place. Tout est un peu paradoxal : ils veulent réduire leur consommation d’énergie, mais apprécient quand même de prolonger leur séjour sur place.

Julien Million-Rousseau : L’âge des collaborateurs influent surtout sur la rapidité d’adoption des outils. Ce que l’on cherche surtout à résoudre chez SAP Concur, c’est de pouvoir adapter nos solutions à ces nouveaux usages et notamment tous ceux qui simplifient la vie des collaborateurs : application mobile, dématérialisation des justificatifs, bleisure, etc. Soit, on les restreint, comme cela a été le cas ces 15 dernières années, soit on trouve d’autres moyens pour les inciter à faire les bons choix.

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